Nos athlètes chez le ministre: la professionnalisation est en marche !
Rachid Madrane souhaite la création d’un pôle global d’expertise intégrant AthlePro.
- Publié le 15-03-2019 à 05h51
- Mis à jour le 15-03-2019 à 06h58
Rachid Madrane souhaite la création d’un pôle global d’expertise intégrant AthlePro. On ne connaît pas encore le dénouement global de la crise importante traversée par l’athlétisme belge, qui dépend encore de réunions entre les principaux protagonistes, mais "l’affaire Thiam", liée aux agissements de la LRBA lors de l’Euro 2018 à Berlin, et "l’affaire Borlée", marquée par un conflit relationnel grave entre l’entraîneur bruxellois et les dirigeants francophones, ont au moins eu le mérite de libérer la parole et d’avoir des conséquences directes sur le fonctionnement des athlètes de haut niveau avec leur fédération.
Comme nous le révélions dès ce jeudi 14 mars, douze athlètes importants ont créé un collectif professionnel, Athlepro, qu’ils ont tenu à présenter au ministre francophone des Sports Rachid Madrane - Nafi Thiam, Cynthia Bolingo (représentées par leur agent) et Tarik Moukrime étaient excusés - comme l’une des pistes menant à une professionnalisation accrue de la ligue francophone à laquelle ils émargent. Une initiative saluée mais aussi complétée et élargie par un ministre souhaitant apporter sa pierre à l’édifice.
"Je veux, en réalité, étendre certaines réalisations à l’ensemble des sportifs sous contrat en Communauté française et c’est pour cela que je propose la création d’un pôle d’expertise, en appui des fédérations, qui serait composé de trois commissions : une pour les sportifs de différentes disciplines, une autre pour les entraîneurs et coachs qui ont un rôle très important dans les performances des athlètes, et, enfin, une troisième commission pour les agents, des interlocuteurs peut-être nouveaux pour certaines fédérations mais c’est une réalité dont il faut aussi tenir compte et qui permettra d’évoquer plus précisément des thématiques comme l’aspect juridique, le droit à l’image, le sponsoring ou la question des primes", explique Rachid Madrane, qui souhaite inclure des experts, "qu’ils soient issus du COIB, de l’Adeps ou, pourquoi pas, de Sport Vlaanderen". "Je suis certes le ministre francophone des Sports mais au bout du compte, sur la plus haute marche du podium, c’est la Brabançonne qu’on entend et qui fait la fierté de tous."
Les athlètes présents ont, en tout cas, eu le sentiment d’avoir été écoutés, ce qui n’est pas forcément le cas au sein de leur propre fédération. Mais cela devrait changer rapidement.
"On a conscience que c’est en étant main dans la main qu’on évoluera le mieux et qu’on fera le plus de résultats, lance Kevin Borlée. En tentant de professionnaliser le milieu de l’athlétisme belge, on est dans une démarche constructive, afin d’éviter de reproduire certaines erreurs du passé et d’aller de l’avant. Les athlètes ont montré qu’ils étaient unis et le collectif que nous représentons pourrait bien devenir national auprès de la LRBA." Leur poids n’en sera que plus important !
“Leur voix comptera davantage”
Le ministre relaiera les demandes des athlètes auprès du président de la LBFA. Monsieur le Ministre, un mot sur cette initiative émanant des athlètes, regroupés sous la bannière d’AthlePro.
“Tout d’abord, je veux souligner que je suis très fier des performances de nos athlètes et que je suis très fier, aussi, de l’esprit positif et constructif qui a régné autour de la table ce jeudi. Je tiens à leur dire qu’ils ont été entendus et que je suis à leurs côtés. J’accueille leur initiative très favorablement. Les conversations ont été très franches, ils m’ont fait part de choses dont je n’avais pas connaissance. Et pour ma part, grâce aux propositions que j’ai formulées à mon tour, j’espère répondre à leurs demandes légitimes.”
Vous avez une autre réunion importante ce vendredi.
“En effet, je continuerai à jouer mon rôle de médiateur et je rencontrerai le président de la Ligue belge francophone d’athlétisme, Thomas Lefebvre, ainsi que le directeur technique Christian Maigret, à qui je relaierai toutes ces demandes. J’entends que les choses se poursuivent de manière tout aussi constructive dans le futur. Il est important, à mes yeux, que les responsables du sport en Fédération Wallonie-Bruxelles comprennent le message qui vient d’être délivré. Nous avons la chance d’avoir des athlètes qui évoluent à un niveau exceptionnel et qui signent des résultats qui le sont tout autant. Dès lors, essayons de trouver, ensemble, des solutions pour que nos athlètes puissent performer dans les meilleures conditions.”
La voix des athlètes comptera donc davantage à l’avenir ?
“Oui, sans aucun doute ! Dans la commission que je propose de mettre en place, les athlètes seront, par exemple, consultés sur les plans-programmes financés par la Fédération Wallonie-Bruxelles au niveau des fédérations et permettant le développement du sport de haut niveau. Ils auront leur mot à dire sur cette question et l’administration sportive ainsi que le Ministre seront sensibles à leur point de vue d’athlètes de très haut niveau dans la mesure où ils sont les mieux placés pour pouvoir parler de leur discipline. Par ailleurs, je pense qu’il serait important, et utile, que ce soit les athlètes qui désignent leurs représentants dans le conseil d’administration de leur fédération. Je suis, en tout cas, très sensible à ce besoin d’être mieux écoutés qu’ils ont exprimé ouvertement ce jeudi après-midi.”
“Sur le bon chemin”
“Il était important, à nos yeux, de montrer qu’on a quelque chose à dire, qu’on n’est pas juste là pour courir. Individuellement, les athlètes de haut niveau rencontrent tous les mêmes difficultés et notre association va permettre de les affronter, voire de les prévenir. Il a, apparemment, fallu une crise pour en arriver à cette solution, mais désormais nous sommes sur le bon chemin. Notre voix va compter et j’espère que c’est tout l’athlétisme belge qui pourra en bénéficier. Pour notre part, nous avons des échéances à court terme, il fallait retrouver rapidement de la sérénité.”
“Le sport est gagnant”
“L’affaire de la convention, juste avant l’Euro de Glasgow, illustre le fait qu’il y avait une absence totale de concertation jusqu’ici. Les athlètes n’étaient pas écoutés et on souhaite que cela change ! D’où la volonté de créer cette commission d’athlètes où nous espérons peser d’un certain poids dans les décisions qui seront prises à l’avenir. Tous les athlètes parleront d’une voix, ce qui pourrait permettre de faire bouger les choses davantage et plus rapidement. Dans tous les cas, nous pensons que le sport dans son ensemble sortira gagnant d’une telle initiative.”